Depuis toujours, Irène se gratte.
Maladie chronique et sans cause. La peau
s'enflamme, les doigts s'agitent, le coeur
s'affole. Il n'y a plus que ça, cette monstruosité.
Le corps est une plaie. Toute pensée
est une plaie. Il n'y a plus de pensée.
Et on vous regarde : enfant, gamine, adolescente,
jeune femme.
Irène ne se plaint jamais. Contre la
maladie, elle se fait verbe. Pour elle il n'y
a que les mots, cette folle contamination
des mots. Et on achève sa lecture gêné,
transpercé, en se frottant l'avant-bras, la
paume, la joue. C'est que la littérature a
gagné.