¤ L'époque est troublée : les mutations anthropologiques sont si contraignantes qu'un nouveau concept juridique, la dignité humaine, a fait son apparition. Si le droit en fait un usage intensif, c'est dans la mesure où face aux excès des États criminels comme aux avancées des biotechnologies, il a besoin de fixer les limites entre l'humain et ce qui ne le serait plus.
Chacun pressent que la dignité n'est pas une notion objective. Son invention est nouée aux religions monothéistes et aux inflexions que la philosophie d'abord, la psychanalyse ensuite, lui font subir. L'aspect psychanalytique de la dignité humaine sera ici privilégié. Comment la dignité serait-elle compatible avec la sauvagerie de la vie psychique ?
L'auteur met en tension les travaux de Freud, sur la religion et la culture, avec les écrits d'Etty Hillesum qui, dans les trois années précédant son extermination à Auschwitz, se livre à une réflexion, au bord de l'abîme, sur la destructivité liée au « destin de masse ». Grâce à la révolution psychique qu'elle effectue, il devient possible de résister en tant qu'individu singulier à l'emprise des masses sur l'esprit, de construire l'humain en chaque homme, rien n'étant acquis à cet égard par la seule appartenance à l'espèce humaine.