Le monde est divers. La géographie cherche à comprendre cet état de fait. Dans cet effort, elle exprime la volonté de penser le monde habité d’une façon cohérente, de le penser comme étant organisé. Or, en avançant le concept d’organisation pour expliquer la diversité des paysages, la géographie introduit des a priori dans ses raisonnements. Elle présuppose que les lieux sont différents tout en étant solidaires, ce qui revient à dire que l’espace géographique doit être discontinu tout en étant unifié par des formes qui le structurent. Comment identifier ces formes qui synthétisent l’organisation objective de l’écoumène? Parmi toutes les singularités qui différencient l’espace terrestre, lesquelles permettent de reconstituer la réalité de ces morphologies? S’agit-il de trames physiques tissées par la répartition des ressources de la nature, de découpages territoriaux qui en régissent l’accès? Ou s’agit-il de discontinuités plus fugaces, naissant par exemple de la rencontre fortuite d’une ombre portée et d’un obstacle dressé, de discontinuités qui font converger dans une communion esthétique l’attention des sujets, comme si leur était présentée l’idée d’un intérêt supérieur, transcendant leurs besoins personnels ? Des théories s’opposent. L’auteur les appelle devant le tribunal de la Critique. Les candidats y exposeront leurs prétentions afin que soient jugées leurs capacités respectives à construire la représentation objective de l’organisation du monde et à atteindre l’explication théorique.