La doublure
Paru le 10 juin 1897, La doublure est l'histoire de Gaspard Lenoir, comédien voué à l'échec, éternelle « doublure » au théâtre et dans l'existence. Outre sa rédaction en alexandrins, La doublure s'impose pour l'époque par une savoureuse description burlesque et baroque du carnaval de Nice.
Des coqs mêmes, le seul visage différent
De chaque homme, qu'on voit sous le gros bec, surprend ;
Le premier a la face assez pleine et rougeaude ;
Le deuxième a des yeux d'expression nigaude,
Il se retourne et parle à celui qui le suit,
Tout en marchant ; un autre a le menton qui fuit ;
Un, petit, montre, allant mal avec sa figure,
Un nez très retroussé, tout aplati, qui jure
Avec, tout alentour, son visage très plein ;
Un grand dégingandé montre un nez aquilin
Qui, sur tout le plumage environnant, détache
Sa silhouette. Un gros a beaucoup de moustache ;
Et le dernier, moins vif dans sa marche, a l'air vieux.
Dans les têtes des coqs, de côté, de gros yeux
Immobiles et ronds, marron et noirs, en verre,
Par leur expression peuvent assez bien faire
En très grand le regard fixe et froid d'un vrai coq.