La fable cinématographique
Une fillette et un tueur devant une vitrine, une silhouette noire descendant un escalier, la jupe arrachée d'une kolkhozienne, une femme courant au-devant des balles : ces images de Lang ou Murnau, Eisenstein ou Rossellini iconisent le
cinéma et cachent ses paradoxes. Pensé comme le langage nouveau des idées sensibles, il a restauré les intrigues, les types et les genres détruits par les autres arts. Entre le rêve de Jean Epstein et l'encyclopédie désenchantée de Jean-Luc Godard, l'adieu au théâtre et la rencontre de la télévision, les voyages de James Stewart dans l'Ouest et ceux de Gilles Deleuze au pays des concepts, Jacques Rancière suit ce conflit de deux poétiques qui fait de la fable cinématographique une fable contrariée.