À la fin du XIXe siècle, les personnes «nerveuses» souffraient
d'hystérie ou de neurasthénie et étaient traitées à l'aide de l'électrothérapie,
de l'hypnose ou de la psychothérapie. De nos jours, elles ont
toutes les chances d'être atteintes de dépression ou de trouble bipolaire
et d'être soignées avec des médicaments psychotropes. Dans le même
temps, on constate que les antidépresseurs ne produisent aucune
amélioration chez les neurasthéniques chinois et que la dépression,
contrairement à l'anxiété, était jusqu'à une date récente pratiquement
inconnue au Japon. Pourquoi ces étonnantes disparités ?
Dans ce nouveau recueil, Mikkel Borch-Jacobsen poursuit
une réflexion sur l'historicité et la variabilité des troubles mentaux
entamée dans Folies à plusieurs, en l'élargissant aux nouvelles folies
promues de nos jours par l'industrie pharmaceutique : dépression,
trouble bipolaire, hyperactivité, anxiété sociale. Les essais ici réunis
couvrent l'ensemble du champ psy depuis plus d'un siècle et proposent,
sous forme d'histoires et de textes très vivants, une critique
de toutes les théories - psychanalyse, psychologie expérimentale,
psychiatrie biologique - qui prétendent décrire et expliquer des
faits psychiques qu'elles contribuent elles-mêmes à produire.