La nature à l'aube des Lumières n'est plus un livre à déchiffrer,
mais un champ à travailler. Comètes, marées, tremblements de
terre, cessent d'être considérés comme les prodiges d'un univers
immuable et transcendant. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'avènement du
capitalisme industriel et son développement mondial jouent un rôle
fondamental dans la constitution des sciences modernes. La nature
devenue chantier peut être explorée, contrôlée et instrumentalisée.
Dans les observatoires et laboratoires, cours et académies, théâtres
et manufactures, les Newton, Lavoisier, Kant, Lord Kelvin, mais aussi
des artisans, des médecins, des jésuites, des hommes de spectacles
s'attèlent à une nouvelle forme à la fois de connaissance et de gouvernement
de la nature : les sciences expérimentales.
Bien au-delà d'une simple généalogie progressiste, Simon Schaffer
met en oeuvre une véritable archéologie des sciences modernes, cherchant
leurs racines et suivant leurs multiples ramifications sociales
et culturelles, des capitales européennes jusqu'aux mondes lointains.
Il éclaire les micro-pouvoirs et les dispositifs qui organisent
les sciences comme technologies disciplinaires et agencement de
l'information. Ces processus multiples permettent de comprendre
comment ces sciences finissent par façonner un monde naturel et
social à leur mesure.