« Mais, c'est là que comme Orphée, il ne faut pas se retourner, la traduction atteint sa limite et passe le relais à l'écriture. En suivant un écrivain de cette manière, en conjuguant littérature et psychanalyse, en comprenant qu'il ne s'agit pas de combler le trou de la perte, mais de rester devant l'impossible origine, l'impossible identité, l'impossible unité compacte de l'être, on se rend compte que la langue se construit sur du manque, sur ce qu'on ne peut pas dire. »
Rosie Pinhas Delpuech nous conte, au long de cet entretien mené par Maxime Maillard, son enfance chatoyante dans une polyphonie de langues et son travail de traductrice. Particulièrement attentive aux sonorités, elle perçoit tant la charge obscure des mots de l'hébreu biblique que la musique de la rue de Tel-Aviv dans les livres d'Etgar Keret. Forte d'une pratique artisanale où les mots sont matière, l'écrivaine et la traductrice de l'hébreu révèle les trames et les fils de son métier sans en oublier les conditions pratiques.