La révolution militaire qui bouleverse la marche de la guerre entre les XVIe et XVIIIe siècle, se heurte à un certain nombre de résistances dont la moindre n'est certainement pas l'esprit de fantaisie aristocratique du corps des officiers. N'hésitant pas à déplacer leurs troupes de théâtre, où leurs ménageries de singes sur le champ de bataille, certains officiers continuent à concevoir la guerre comme un véritable art. Au combat, leur fantaisie se développe au contact de la mort. Sensibles, galants, spirituels, insolents et fantasques, ces capricieux s'imposent avec violence au plus fort des dangers. A la différence des exécutants ternes et scrupuleux qu'ils côtoient, leur intuition et leur bizarrerie leur assurent en effet l'adhésion indéfectible de la troupe. La menace que ces créatifs fait peser sur l'administration militaire est toutefois telle que celle-ci met tout en oeuvre pour les brider. À partir du XIXe siècle, les militaires les plus atypiques sont pointés du doigt sous le nom d'officiers de fantaisie. C'est alors que s'accélère le déclin d'une bizarrerie aristocratique intimement liée à la transgression.