De Liu Xia, les Français savent, au mieux, qu'elle est la veuve du Prix Nobel de la Paix, Liu Xiaobo, mort en détention en 2017 pour avoir réclamé la démocratisation de la Chine. Ils ignorent qu'elle est aussi poète, peintre, photographe. Des échos de Duras, de Kafka, de Prévert ou de Verlaine résonnent dans ses textes. Qu'elle brosse les paysages du Tibet, un arbre en hiver, une comète déchirant la nuit ou un petit mendiant, Liu Xia a le génie des « choses vues ». Munch, Van Gogh, Camille Claudel, Charlotte Salomon habitent son regard. Vibrant de son amour pour Liu Xiaobo, sa poésie dit la magie des jours heureux et la cruauté du régime. Les fantômes du passé - d'un grand-père lettré victime de la « Libération » aux âmes errantes de la place de Tian'Anmen -, font tristement escorte à sa vie de femme. Ecrits en exil, ses derniers vers disent le cauchemar des petites Afghanes privées de poésie.