La fête est souvent pensée en termes d’ordre et de désordre, de surcroît d’énergie à dépenser, voire d’attirance pour l’excès, la transgression - jusqu’aux limites de l’effacement de soi et de la mort. Ce livre, consacré à une grande célébration religieuse népalaise dédiée en partie au dieu Indra ne rejette aucun de ces éclairages. Il tente cependant d’imposer une autre approche, en prenant pour fil directeur la fonction spectaculaire inhérente à ce type d’événement festif, foncièrement collectif. La fête, en réalité, suscite toutes sortes d’échanges de regards, entre acteurs et spectateurs, dieux et célébrants, prêtres, icônes divines et dévots. Elle est théâtre, travestissement, métamorphose, mise en scène d’un récit narratif entre fiction et réalité. Elle échappe au rite pour devenir du jeu. La fête-spectacle devient alors un objet esthétique à part entière, un univers de qualités sensibles difficiles à traduire en mots. Elle produit un monde foisonnant d’images au pouvoir émotionnel puissant.