«Autant vaut le maître, autant vaut l'école elle-même», défend François Guizot en 1833 devant les députés. Certes. Mais comment trouver ces bâtisseurs d'humanité que sont les maîtres d'école?
Est-ce une affaire d'État, comme semble l'indiquer l'École normale de Paris sous la Révolution? Ou, au contraire, une question d'abord locale, une responsabilité et un droit des «pères de famille», si souvent cités au XIXe siècle, et de ceux qui les représentent dans les communes et dans les départements? Faut-il les former sur le terrain, auprès de leurs aînés, sous contrôle d'inspecteurs? Ou les accueillir dans des écoles spéciales, au risque de reléguer au second plan leur vocation, leur aptitude à travailler avec des enfants? Ou encore intégrer les élèves maîtres dans les lycées, comme le propose un député en 1905? Que faut-il leur apprendre? Quels équilibres tenir entre formation de l'esprit et du coeur, connaissances à acquérir, apprentissages pédagogiques, et pratique du métier devant les élèves? En fait, la formation des maîtres, hors ou dans les écoles normales, dépasse largement le simple cadre de l'école primaire; elle intéresse d'abord l'équilibre de «l'organisme social», le jeu des hiérarchies établies, la moralisation du peuple, «l'âme» de la société, selon un terme souvent employé jusqu'à la première guerre mondiale, alors que le débat est loin d'être clos.