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Le fantôme du colbertisme n'en finit pas de hanter l'histoire de l'économie française. Colbert serait le fondateur d'une tradition de tutelle et d'intervention dont le pays n'aurait su se défaire. L'Etat aurait étouffé l'esprit d'entreprise.
Philippe Minard rouvre le dossier et montre que l'opposition traditionnelle entre des fonctionnaires, toujours tatillons, et des entrepreneurs, naturellement libéraux, relève d'une idée reçue.
Il nous conduit dans les ateliers et manufactures du XVIIIe siècle à la suite des agents du roi: à la fois contrôleurs et techniciens-conseils, ces inspecteurs sont l'oeil et la main de l'Etat dans les provinces. Mais ils se révèlent des esprits éclairés, conscients des défis de leur temps et capables de se remettre en cause. Les petits soldats du colbertisme sont loin d'être les serviteurs aveugles d'un Etat-Léviathan. Leurs enquêtes dessinent le tableau coloré d'une France industrielle et marchande qui oscille entre institution et marché. Parmi les fonctionnaires et les entrepreneurs, beaucoup se demandent s'il faut maintenir les règles et les normes qui soutiennent la confiance, ou simplement laisser faire.
A l'heure où notre société s'interroge sur le rôle de l'Etat dans l'économie, ce livre propose une relecture de la genèse du libéralisme en France.
Philippe Minard, ancien élève de l'ENS Fontenay-Saint-Cloud, est maître de conférences à l'université Lille-III et chercheur associé au CNRS. Il a publié Typographe des Lumières (Champ Vallon, 1989) et co-dirigé l'Atlas de la Révolution française, vol. 10: Economie (EHESS, 1997).