La philosophie a-t-elle quelque chose à dire sur le monde
contemporain ? Peut-elle intervenir dans des débats publics
pour contribuer à éclaircir leurs enjeux et aider à mieux définir
les conditions d'une réponse ?
La collection «Intervention philosophique» a pour ambition
de montrer que l'on peut répondre positivement à ces deux questions.
Il n'y a pas de philosophie sans exercice de la raison.
Mais outre ses usages spéculatif et pratique, la raison philosophique
a également une fonction de critique publique. C'est cet effet public
de la philosophie qu'il s'agit de restituer par la publication de textes
prenant position sur des questions d'actualité.
Le 22 janvier 2003 la France célébrait le quarantième anniversaire
du Traité de l'Élysée qui scellait son amitié avec l'Allemagne.
Quelques semaines plus tard, elle se retrouvait en opposition avec les
États-Unis mais aussi la Grande-Bretagne, l'Espagne et d'autres pays
membres de l'Union européenne au sujet de la guerre en Irak. Cette
position inattendue ne constitue-t-elle pas une étrange mais véritable
défaite diplomatique ?
La France vit un véritable bouleversement de sa sociologie politique
et religieuse qui influe directement sur ses choix stratégiques.
Les exigences de cette nouvelle «diplomatie intérieure» s'engrènent
aux difficultés qu'elle rencontre pour faire prévaloir sa conception de
l'ordre public et de la laïcité face à des communautés en mal d'intégration.
Mais comment cette intégration pourrait-elle réussir alors que
sévit une dégradation économique que l'on s'obstine à qualifier de
«crise» ? L'épuisement des modèles politiques français ne saurait se
comprendre à son tour sans prendre la mesure de l'effondrement qui
caractérise le domaine d'une «pensée» de moins en moins pensante.
Au-delà de toute lamentation sur le «déclin» de la République
française, le présent ouvrage en appelle au contraire à son sens du
dépassement.