Le constat est douloureux, mais irréfutable : malgré
le succès de la campagne présidentielle de Jean-Luc
Mélenchon en 2012, le Front national réussit bien
mieux que le Front de gauche à capter le mécontentement
populaire. Comme dans la plupart des pays d'Europe, la
crise du capitalisme profite moins à la gauche «radicale»
qu'à une mouvance nationaliste favorable au capitalisme !
Tel est le paradoxe analysé dans ce livre.
Paralysé par la peur de dire «la même chose que
Le Pen», le Front de gauche s'enferme dans trois contradictions.
Il veut restaurer la souveraineté populaire mais
ne défend plus la Nation, seul espace possible pour une
réelle démocratie. Il lutte pour une «autre Europe», sociale
et solidaire, mais n'assume pas la nécessaire rupture avec
l'ordre juridique et monétaire européen. Il est anticapitaliste
mais renonce au protectionnisme contre le libre échange
mondialisé qui brise toutes les résistances. Souveraineté
nationale, désobéissance européenne et protectionnisme :
tels sont les trois sujets tabous dont la gauche radicale doit
se ressaisir, au lieu de les abandonner au Front national
qui a beau jeu de se présenter comme le seul protecteur
du peuple français face à la pression des marchés et à
l'Europe ultralibérale.