La gloire du sabre
Pourfendre les abus coloniaux
Vigné d'Octon a eu en Afrique de l'Ouest, lors d'un premier séjour en sa qualité de médecin de marine, une expérience qui l'a marqué pour la vie et qui a déterminé son effort exceptionnel pour dénoncer les abus de la colonisation. Témoin oculaire de crimes abominables commis dans le sud du Sénégal qu'il a racontés dans son Journal d'un marin, il n'a de cesse de récolter d'autres témoignages de cas de tueries, d'incendies, de toutes sortes d'horreurs infligés par les forces coloniales sur des indigènes.
Dans les pages de L'Aurore et de La Revue de Revues, sur les tribunes de la Chambre, il déploie ses talents considérables d'écrivain et d'orateur pour donner voix à ceux qui n'en ont pas, pour épingler le gouvernement du jour adepte d'atermoiements, de dénégations et de la langue de bois.
Être complexe, parfois contradictoire, singulier, passionné, non conformiste, Vigné d'Octon ne mérite pas l'oubli dans lequel il est tombé, d'autant plus que les menaces politiques de son époque qui ont mené à la Grande Guerre résonnent aujourd'hui avec une insolence alarmante.