Un palmier des plus majestueux de cette tribu, la Palma Real, donne au paysage, dans les environs de La Havane, un caractère particulier. C'est l'Oreodoxa regia de notre description des palmiers américains : son tronc élancé mais un peu renflé vers le milieu s'élève à 60 ou 80 pieds de hauteur ; sa partie supérieure luisante, d'un vert tendre et nouvellement formée par le rapprochement et la dilatation des pétioles, contraste avec le reste qui est blanchâtre et fendillé.
C'est comme deux colonnes qui se surmontent. La Palma Real de l'île de Cuba a des feuilles panachées qui montent droit vers le ciel, et ne sont recourbées que vers la pointe. Le port de ce végétal nous rappelait le palmier Vadgiai qui couvre les rochers dans les cataractes de l'Orénoque et balance ces longues flèches au-dessus d'un brouillard d'écume. Ici, comme partout où la population se concentre, la végétation diminue.
Autour de La Havane, dans l'amphithéâtre de Regla, ces palmiers qui faisaient mes délices, disparaissent d'année en année. Les endroits marécageux, que je voyais couverts de Bambousacées, se cultivent et se dessèchent. La civilisation avance et l'on assure qu'aujourd'hui la terre, plus dénuée de végétaux, offre à peine quelques traces de sa sauvage abondance.