Sur une colline de la petite ville d'al-Yousr s'élève une khanqâh (zaouïa)
où vit une confrérie ésotérique ayant à sa tête un grand maître. Ses
disciples sont convaincus qu'ils sont les gardiens d'un coffre contenant
la Table du destin et que tous ceux qui s'en approcheraient seraient
consumés par le feu. Mais voici que le coffre disparaît et tombe par
hasard dans les mains d'un jeune homme, Khaldoun, qui travaille chez
un libraire versé dans la science des lettres. Affolés par la perte du coffre,
les membres de la confrérie se lancent à sa recherche, remuant ciel et
terre, si bien que les autorités se trouvent dans l'obligation de charger
un policier d'enquêter sur cette ténébreuse affaire...
Roman allégorique aux résonances métaphysiques, La Langue du
secret se présente comme une enquête policière et n'est pas sans parfois
rappeler Le Nom de la rose d'Umberto Eco. À travers l'affrontement
entre le grand maître et le libraire, aussi savants l'un que l'autre, il
oppose deux conceptions du savoir et du pouvoir que celui-ci engendre,
et dénonce les ravages de la parole qui se donne comme pouvoir suprême
parce qu'elle serait d'inspiration divine.