La main de l'homme
Sebastião Salgado s'est incontestablement imposé, ces dernières années, comme l'un des plus grands photographes contemporains. Cet infatigable témoin porte un regard sur le monde dont le réalisme n'exclut pas la grandeur, pour lequel la détresse n'exclut pas la beauté. Sebastião Salgado a décidé d'anoblir l'homme et si, dans cette quête, il porte son objectif sur les plus démunis, c'est pour montrer qu'à travers les situations les plus extrêmes comme la famine ou les plus dures comme le travail forcené, l'homme reste grand.
Depuis 1986, Sebastião Salgado s'est concentré sur le monde des travailleurs, construisant une véritable épopée dans laquelle hommes et femmes accomplissent, au prix d'énormes souffrances physiques, un effort surhumain. Pour La Main de l'homme, Sebastião Salgado s'est rendu au Brésil, dans des plantations de canne, où les hommes sont traités comme des esclaves sur des terres qui leur appartenaient autrefois. Il est allé à la Réunion, l'île du parfum où les Français aux pieds nus fournissent un énorme effort pour ramener une infime production d'essences pures. Il a vu aussi les moissonneuses de la mer cueillir des mollusques-plantes au fond de l'eau, des hommes, asphyxiés par la chaleur et l'humidité, ramasser les graines de cacao. Et devant l'objectif de Sebastião Salgado, les sidérurgies d'acier ressemblent à des cathédrales de fer et les travailleurs à des dieux immenses.
En montrant combien la tâche de ces hommes et de ces femmes est difficile, le photographe leur redonne leur dignité. Ces 346 photos sont non seulement le témoignage d'une époque bientôt révolue, mais aussi la glorification du travail manuel, symbole d'un univers en voie de disparition.