Ce livre parle de la maison isolée, que l'on appelle en Provence la «villa», et des territoires directement associés à la vie de ses habitants. Construite de plus en plus loin des parties denses de la ville, la «villa» participe de l'étalement urbain, transforme les espaces ruraux en «campagnes urbaines» et contribue à l'augmentation des déplacements dans les agglomérations.
Maison isolée, elle est considérée comme un lieu de repli, de «retraite» dans un «paysage» que l'on s'annexe et dont l'on craint par-dessus tout la dégradation ; La «villa» des «campagnes urbaines» entretient en réalité, plus qu'aucune autre forme d'habitation, une illusion de «hors monde» que les réseaux aériens et souterrains rappellent à chaque instant comme leurre : cette maison dépend en effet de la ville plus qu'en aucune autre époque, car il lui faut s'alimenter de ses ressources matérielles et immatérielles.
A partir de leurs pratiques de mobilité, quotidiennes ou non, les familles habitant ces «villas» sont des témoins et des acteurs de la métropolisation : ils construisent autour de leur «villa», et pour la relier aux multiples centralités nouvelles qui s'ajoutent à l'ancien centre historique, des territoires d'échelle variable, aussi divers que le sont les aspirations des membres de la famille et que le permettent les moyens de mobilité personnels et collectifs. Le rapport de l'espace de résidence à l'espace urbain devient dès lors de plus en plus complexe : la gestion du domestique est traversée par toutes sortes de tensions non sans rapport avec la montée des désirs individuels significatifs des modes de vie d'aujourd'hui, en particulier ceux des enfants devenus adolescents.