Ce roman est présenté comme les «lettres sincères et
véritables de N****** à ses parents, ses amis et ses
maîtresses, avec les réponses» (sous-titre de l'ouvrage).
Point d'unité d'intrigue ici, mais une succession
d'aventures amoureuses vécues : le mariage avec l'Anglaise,
cause de la malédiction paternelle ; la rencontre de Victoire
Saintonge ; la liaison avec Louise Alan, puis avec Virginie,
«impardonnable folie», avec Élisabeth T**, l'intellectuelle,
enfin l'amour épistolaire avec les demoiselles d'une
boutique de modes. À la variété des aventures s'ajoute celle
des tons : au pathétique et au tragique le récit mêle parfois
des moments comiques.
Rétif considère ce roman comme «l'introduction de tous
les ouvrages postérieurs». Il faut entendre que La
Malédiction paternelle marque de façon décisive l'entrée
dans l'écriture autobiographique. Tous les épisodes, tous
les personnages se retrouveront dans Monsieur Nicolas,
l'autobiographie déclarée. Rétif nourrit les lettres de
N****** de confidences sur son caractère, son physique,
son travail d'écrivain. L'ouvrage est dit posthume : telle
était sans doute la condition nécessaire pour inaugurer une
nouvelle existence et oser écrire de soi plus librement.