Je suis olympien dans cette tenue. Les palmes
claquent sur les rosaces de ciment. Le barman
m'adresse un petit sourire, style : «C'est fun ton
truc». Une vaste discothèque en plein air, ponctuée
de tables basses et de lanternes. Une extase.
L'éclairage flottant, la caresse des bougies, le vent
tiède de la nuit, Betty Boop assise seule à une table
devant deux verres... Houlà, la soirée attendue depuis
des lustres. Je commence à respirer très fort dans mon
tuyau en plastique. Une vraie chaudière à fuel. Un
rhinocéros, prêt à foncer tête en avant. Sur la salsa de
Knokke-le-Zoute, je remue mon corps en latex dans
tous les sens. Mine de rien, je me rapproche de Betty.
Avec les bras, j'effectue quelques mouvements d'inspiration
versaillaise, couleur Louis XIV. Je suis pour
le raffinement des déclarations d'amour. L'hommage
poussé à son paroxysme. Derrière mon masque couvert
de buée, je scrute la moindre expression sur le
visage de ma promise. Mais elle ne me reconnaît pas.
Je continue à gesticuler. Heureusement, il n'y a pas de
service d'ordre ici, la chasse aux asociaux est fermée.