Sibylle Berg aime voyager. En dix-huit nouvelles, elle embarque le lecteur des Baléares jusqu'à Hong Kong, sur les traces de quelques hommes en perdition. Il y a l'ouvrier qui rentre tard chez lui et ne s'aperçoit même pas que sa femme est morte, c'était «une dormeuse si discrète». Il y a le jeune garçon, quelque part dans les Balkans qui après avoir assisté au massacre de sa famille décide de devenir à son tour un Exterminator. Il y a enfin tous ceux qui aimeraient tant changer de peau, comme ce cadre en mal d'adrénaline qui part faire un stage de survie en plein triangle birman. Rien de tel que de se confronter à une guérilla locale pour retrouver les vraies valeurs.
Décidément ce ne sont pas les tourments qui manquent à ces messieurs. Et lorsqu'ils rencontrent enfin l'âme soeur, ils ont toutes les peines du monde à se confier à elle, ils préfèrent partir ou la tuer.
Pessimiste cette vision des choses? Loin de là, Sibylle Berg est trop ironique. Elle a la cruauté tonique.
Traduit de l'allemand par M. Litaize et Y. Hoffmann