L'auteur explore les relations méconnues des philosophes
avec leurs mères. Il décèle les effets de ces relations sur le
mode de pensée, les thèmes de réflexion, la tonalité affective
d'une philosophie. À l'écart de la psychologie, il suit le fil
reliant la biographie à l'oeuvre, l'intime à l'universel.
De Socrate à Simone de Beauvoir, dix gestations philosophiques
sont développées, dans une suite à la fois chronologique
et répétitive. Dix parce que penser prend du temps et
que sans être un éléphant, le philosophe a de toute évidence
besoin pour se former d'un cycle plus long que l'homme
ordinaire...
Cette généalogie, qui se veut récréative, rend sans doute les
philosophes plus humains et la philosophie plus proche de la
vie. Elle éclaire aussi la fonction maternante de la discipline
et les vertus de son exercice : la possibilité d'une réinvention
du sujet à la source même de sa pensée. À une époque qui
cherche à étouffer dans l'oeuf tout ce qui pense, une telle
renaissance prend valeur de résistance.