« Vous en avez la conviction : vous étiez venu chercher cela dans le pays des confins, aiguillé par le seul hasard et beaucoup de chance. L'amitié, la fraternité de quelques-uns. Le silence et lui seul traçait un sillage durable. Il allait vous donner tant de forces, d'énergie ! L'issue, s'il en existait une, était dans cet écart intuitivement pressenti, dans ce rapport brutal, un peu sauvage au monde. Dans cette façon que les hommes ont d'enterrer, ici, leurs morts. De voir les dépouilles flotter dans l'univers, rejoindre la solitude de grottes minuscules perchées quelque part, là-haut, dans les falaises, juste au-dessus du monde. Les morts, on les honore longtemps dans les rires et l'alcool. Ils vous rendent visite d'ailleurs de temps à autre. On voit leurs beaux visages se refléter parfois au fond des calebasses tandis que la bière de mil coule à flot, que les corps roulent peu à peu dans la nuit, dans un silence rauque qui en dit long des tribulations de la fête... » (J.V.)