Lourdement déficitaire, obèse, inutilement compliqué, traditionaliste,
ingérable, l'État providence est à bout de souffle. La pénible agonie de ce
géant qui redistribue le tiers du PIB entraîne la stagnation et le chômage ;
elle empêche tout retour à l'équilibre des finances publiques. L'acharnement
thérapeutique ne fait qu'amplifier le sinistre : la destruction créatrice doit
faire son oeuvre. Il nous faut innover hardiment, remplacer l'État providence
par de vraies assurances sociales, efficaces, compatibles avec l'économie
d'échange : quand un secteur aussi important est fermé à la modernisation,
les conséquences sont terribles ! Il nous faut en particulier rompre avec le
mensonge qui fait des cotisations vieillesse la cause juridique de nos droits à
pension, car payer la retraite de nos aînés ne prépare en rien la nôtre : celle-ci
dépend des enfants que nous mettons au monde et que nous éduquons. Le
jour où l'enseignement et les prestations familiales ne seront plus financés
par des impôts et cotisations qui ne rapportent rien à ceux qui les paient,
mais par une prime d'assurance retraite, nous cesserons de crouler sous les
prélèvements obligatoires sans contrepartie. Quand l'échange social - un
échange non marchand, fortement solidaire - aura remplacé la redistribution
sociale, une des conditions les plus importantes pour le retour de la croissance
et du plein emploi sera enfin réalisée.