Un événement crée une rupture dans l'ordre normal des choses et
dans le cours de nos vies. Que l'on en soit acteur direct ou spectateur, il
ouvre des questionnements sur son sens, dont la presse se fait l'écho. Ces
interrogations passent notamment par la nomination. C'est flagrant dans
le cas des conflits, en particulier des guerres : cette guerre en est-elle bien
une ? N'est-elle pas plutôt une guerre civile ? Une lutte ? Un conflit ? Une
opération ?
La nomination est au coeur du processus d'attribution d'un sens social
à l'événement par une communauté de locuteurs. Dans cet ouvrage,
l'auteur fait l'hypothèse que c'est seulement en ouvrant le lexique au
discours, grâce à une sémantique discursive, que l'on peut envisager
une entrée lexicale sur le sens de l'événement. Les mots sont décrits dans
leur dimension paradigmatique (un mot à la place d'un autre), ce qui
révèle différents points de vue adoptés par des acteurs aux perceptions
divergentes, mais aussi, et cela constitue l'originalité de cet ouvrage, dans
une perspective syntagmatique (un mot à côté d'un autre).
Afin de décrire le point de vue sur l'événement apporté par chaque mot,
l'auteur introduit la notion de profil lexico-discursif, qui croise les acquis de
la lexicométrie et de l'analyse du discours avec ceux de la sémantique de
corpus anglaise (J. Sinclair).
Cet ouvrage a pour ambition de montrer comment le mot, pris dans
les différentes dimensions de la discursivité comme dans un filet, participe
à la configuration du sens social qui est donné à l'événement. Au final, la
nomination de l'événement apparaît moins comme la désignation d'un
référent que comme la sémiotisation du référent par l'expérience sociale
des locuteurs.