Cet ouvrage prend pour point de départ la notion de « nouvelle-instant » proposée par René Godenne dans le cadre de ses travaux sur la nouvelle moderne. Selon le critique, « certains auteurs ne prétendent plus vouloir raconter une histoire en bonne et due forme, mais ramènent le sujet de la nouvelle à la seule évocation, et à l'approfondissement, d'un instant précis de vie [...]. La notion n'inclut pas ou si peu une idée narrative ». Le but du travail est de reprendre la notion de « nouvelle-instant » pour l'affiner théoriquement et la mettre à l'épreuve d'une approche linguistique de deux nouvelles de L'Exil et le royaume d'Albert Camus (La Femme adultère et Les Muets).
La première partie est ainsi entièrement consacrée à une relecture de la notion de « nouvelle-instant », à la lumière des théories du récit et de l'action. Les termes clés d'instant, d'action et de mise en intrigue y sont soumis à une tentative de redéfinition. Forte de cette mise au point théorique, la deuxième partie s'ouvre à une analyse stylistique des nouvelles du corpus. L'enjeu central est de montrer que la dilatation temporelle dans l'instant va de pair avec un effritement de l'action humaine et de son organisation textuelle par la mise en intrigue. Les nouvelles camusiennes apparaissent alors comme des cas limites de narrativité où le récit est fondamentalement décevant. Cet ouvrage vise ainsi à une réflexion sur la dénarrativisation à l'oeuvre dans la « nouvelle-instant », en s'aidant d'une approche située au carrefour de la poétique de la nouvelle, des théories du récit et de l'action, et d'une stylistique linguistique.