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Marylin Maeso revisite La Peste de Camus pour saisir, à la racine, les rouages de la déshumanisation. « Inhumain » ne se prononce pas à la légère. Dans l’imaginaire collectif, ce mot convoque les images sidérantes que charrient la guerre, la torture, le terrorisme et toutes les horreurs qui sèment ruines et charniers dans le sillage de l’Histoire. On le réserve ainsi à des phénomènes suffisamment anormaux pour revêtir à nos yeux l’apparence d’un scandale absolu. Et d’une anomalie provisoire. Est-il pour autant l’exception ? À la fin de La Peste, Camus nous mettait en garde contre le fléau éponyme qui « ne meurt ni ne disparaît jamais ». En proposant une autre lecture de ce roman et une galerie de portraits des petits pestiférés de notre époque – l’« identitaire », le « corporatiste », le « confusionniste » –, Marylin Maeso nous invite à repenser l’inhumanité non comme une calamité tombée du ciel à la manière d’une malédiction, mais comme une partie de nous-mêmes. Pour elle, l’inhumain est ce poison que nous distillons quotidiennement sans le moindre soupçon, jusque dans nos discours et nos modes de pensée. Et la vraie maladie, notre incapacité à le percevoir en-deçà de ses manifestations spectaculaires.