«Matamore : nous gardons le souvenir,
la mémoire de ses gestes, de ses peines,
de ses catastrophes. Plus rien n'en est
visible, plus rien n'en résonne, tout est
fumée comique, dispersion inconséquente.
Il n'y a rien à en dire. Rien qui puisse
donner l'équivalent de l'intensité, de la vie,
de l'excès, de la folie où nous convièrent
ses boursouflures, ses pannes et ses déroutes,
ses palinodies et ses mensonges. Plus rien.
Et pourtant nous avons vécu, comme rarement.
J'approche à tâtons de l'autre figure.
Dans tout Matamore, il y a un matador.
J'appelle Matamore ce désir de peur,
de fuite, cet élan comique, violent, furieux,
instable, incertain, affabulateur, qui me
tient, me pousse, me fait travailler, avancer,
reculer, m'encombre et me remplit,
m'entrave et me libère.»