Peut-on penser l'art ? Comment mettre des concepts sur
le sensible ? Y a-t-il un sens à parler de «philosophie
de l'art» ? Mais que l'art relève du sensible pur, voilà
peut-être un préjugé qui demande examen, et n'est-ce
pas la tâche de la philosophie que d'interroger nos
préjugés ? L'art n'est-il pas du sensible pénétré d'esprit ?
Et, là encore, ce qui intéresse la philosophie, n'est-ce
pas bien plus la rencontre du sensible et de l'intelligible
que le «monde des idées» à l'état pur ?
La philosophie de l'art peut ainsi aller jusqu'à faire de
l'oeuvre un des lieux où se révèle l'absolu lui-même...
Mais, cette lecture métaphysique a constamment
rencontré l'effort inverse : réfléchir à cet effet particulier
des oeuvres sur notre sensibilité : le plaisir, le goût sont
aussi le lieu de vifs débats sur la place des arts dans
l'éducation de l'homme et du citoyen. Ces problématiques
n'ont pas disparu, même si les bouleversements
des arts moderne et contemporain ont conduit le
regard philosophique à examiner les limites mêmes
de la signification et la possibilité de sa restauration
dans un monde déserté par l'«absolu».