L'Union soviétique, l'an 1937. Les purges staliniennes atteignent leur
paroxysme. Ceux qui sont jugés «ennemis du peuple» sont exécutés ; les
autres, dont les «crimes» sont considérés comme moins graves, partent au
Goulag.
Mais ce ne sont pas seulement les personnes elles-mêmes qui disparaissent :
leurs représentations picturales et photographiques sont également vouées à
la disparition.
C'est à ce dernier phénomène que s'intéresse l'auteur de cet ouvrage.
Il montre que dans la plupart des cas l'élimination des ennemis du peuple
des photographies n'a rien à voir avec la censure. Ce sont les proches de la
victime - ses collègues, ses amis et parfois les membres de sa famille - qui font
disparaître sa représentation des photographies de groupe.
Quelles sont les raisons qui ont poussé les gens à mutiler les portraits de
leurs proches, à les rayer, les découper, ou encore les noircir avec de l'encre ?
L'auteur propose ici, en s'appuyant sur les matériaux visuels qu'il a découverts
dans les archives russes et en s'intéressant plus particulièrement à l'essence
même de ce «médium» qu'est la photographie, une analyse de ce phénomène
dont les ressorts sont tout autant politiques, historiques et psychologiques.