Pour la poésie, l'après-guerre est considéré comme un moment creux après les fêtes du surréalisme et de la Résistance, et n'a pas fait l'objet d'études d'ensemble. Le livre adopte une perspective d'histoire littéraire : il se concentre sur ce qui en son temps a fait événement, et sur ce qui a été déterminant pour la suite de l'histoire, tout en faisant sa part à une lecture personnelle. Il commence par un état des lieux de l'après-guerre : interventions critiques, organisation du champ autour de Paulhan, figures d'une poésie existentielle (Guillevic, Follain, Jaccottet), essais de restauration (Bonnefoy). La partie centrale est consacrée à l'émergence d'une parole poétique indigène, rendue visible en 1948 par l'anthologie de Senghor et la préface de Sartre ; elle confronte trois poètes en les situant dans cette histoire de l'Empire finissant, Senghor, Césaire et le malgache Jean- Joseph Rabearivelo. La dernière partie montre comment les cartes de la poésie française sont rebattues au tournant des années 1960. Elle met en regard le couronnement de Saint-John Perse ; la carrière de Ponge, poète critique s'identifiant à un nouveau Malherbe et la conversion d'Edmond Jabès, poète égyptien francophone devenu juif littéraire, emblème d'une théorie de la littérature.