Les nations chrétiennes étaient, par la foi dans le Messie crucifié, redevables de l'espérance d'Israël ; elles ont relégué en marge de leur société, abandonné à la pauvreté et à la marginalité, rejeté dans la dépossession de tout bien, de toute racine, de toute identité, le peuple choisi par Dieu pour en témoigner. N'est-ce pas le peuple juif qui a été le témoin le plus visible de l'eschatologie pendant quinze siècles d'Europe ? Peuple de témoins malgré eux, en dépit d'eux-mêmes, vivant dans la fidélité jusqu'au martyre, dans le péché peut-être, mais témoins de ce que le royaume n'est pas de ce monde. Le martyre et l'attente messianique des juifs n'auraient-ils aucun sens, aucun prix pour l'Eglise, qui attend le retour de son Sauveur, qui attend la Parousie du Sauveur de tous ?
Je sais le risque que je prends en mettant ces propos à la disposition de tous. Certains passages pourront paraître excessifs ou parfois déconcertants à des lecteurs juifs, et d'autres, déconcertants ou parfois excessifs à des lecteurs catholiques. Que les uns et les autres m'accordent le crédit de la bonne foi, dans le service de la Parole de Dieu livrée aux hommes pour le bonheur et le salut de tous.