La question de l'autre et du désir est ici abordée en relation
avec celle de la Beauté qui, dans ses diverses incarnations
occidentales, demeure la plus puissante construction sociale des
stratégies de gouvernement de l'imaginaire et de ses sens. Les
éthiques et politiques de notre civilisation se sont fondées sur les
esthétiques. Le monde classique a solidifié l'efficacité
ordonnatrice de la beauté en archétypes, et le monde moderne l'a
traduite en simulacres de masse qui conditionnent les relations
affectives en les liant au rationalisme instrumental du contrôle sur
les corps. L'auteur, raisonnant sur une vaste gamme de situations,
de l'intimité de la masturbation au caractère spectaculaire du
cinéma et de la télévision, analyse les formes sous lesquelles la
Beauté à la fois stimule, dévie et viole le désir. Seuls les langages
des new media semblent se soustraire aux fascinations esthétiques
et négocier les contenus des rapports humains sous des formes
personnelles, hors des stéréotypes du désir. Le début d'un
parcours antimythologique, antireligieux. Un retour au sacré.