Un mélange d'énigme et de malaise rend ce récit unique. Stanley Kubrick l'aurait adoré.
De nos jours, à Paris. Une jeune femme appelée Ève nous fait découvrir son langage et sa vision singulière du monde. Timide, rêveuse, elle est négligée par sa mère qui va d'un homme à l'autre pour son bon plaisir. Pourtant, un soir, Ève l'entend confier à un amant ou ami qu'il est temps de " l'initier ".
Ainsi Ève se trouve-t-elle quelques jours plus tard devant une assemblée de sexagénaires qui l'entourent, assis, patients et silencieux, et devant lesquels elle va accomplir une mission inattendue : " Nous nous réunissons deux fois par semaine afin d'entendre sonner cette langue française en ses états les meilleurs [...]. Oui, nous aimons un art qui s'est perdu et qui permet pourtant de maîtriser le temps. Les hommes se sont mis à s'aimer eux-mêmes à outrance : c'est leur propre mort qu'ils aiment. Nous, nous savons écouter – entendre lire : tâche pour laquelle vous êtes là... "
Ce cercle vit sa passion en secret ; ils s'appellent entre eux les " Silentiaires ". Ève enchaîne les lectures des grands textes littéraires devant cet étrange public... en ressentant un plaisir croissant. Mais ce voyage de l'autre côté du verbe ne sera pas sa seule aventure : elle est plus tard admise dans d'autres sociétés souterraines, plus illégales, plus licencieuses, en tout cas plus imprégnées d'un érotisme morbide. Si bien qu'Ève approche, peu à peu, ce danger dont Gabriele D'Annunzio assure qu'il est " le centre de la vie sublime ".
Ce texte relève-t-il de la fiction ? Et même : Ève-Marie des Places ne cacherait-elle pas un secret – irrévélé à son propre éditeur ? Un mélange d'énigme et de malaise rend ce récit unique. Stanley Kubrick l'aurait adoré.