Leo Strauss a exercé une influence considérable sur la formation de
la volonté politique des élites libérales du XXe siècle. Il s'est attaché
plus particulièrement à redéfinir les contours de ce qu'est la Politique
au terme d'une discussion qui, par bien des aspects, renouvelle la
fameuse querelle des Anciens et des Modernes.
Sa critique de la modernité n'implique cependant pas le refuge
dans la nostalgie de la tradition à jamais révolue. Strauss ne se
contente pas d'être un grand interprète des penseurs classiques ;
il parle pour le présent et pour l'avenir. Tels sont ici les enjeux, par
exemple, de son analyse philosophique de la pensée de Heidegger
dans ses conséquences politiques - l'une des plus fortes analyses
jamais conduites de ce sujet controversé -, de son exposé magistral
sur Socrate ; de son introduction à la philosophie médiévale ou aux
rapports entre histoire et sciences de la culture. Tout conduit à la
discussion sur le relativisme, caractérisé par Strauss comme le vrai
mal du XXe siècle.