Le modèle républicain français se trouve au coeur de bien des
interrogations. Qu'une collectivité locale soit dotée d'un statut
particulier, et c'est la «République une et indivisible» qui semble
mise en cause. Que le système éducatif soit en crise, et c'est «l'école
républicaine» qui paraît menacée. À l'heure d'une mondialisation
néolibérale qui se joue des frontières, la République telle qu'elle
s'est construite en France depuis la Révolution, et qui entretient
un rapport indéfectible à la Nation, pourrait même faire figure de
modèle archaïque, dépassé et obsolète. D'où le caractère inévitable
de la question : la République a-t-elle encore un sens ? Et puis
d'abord, dans quel sens du mot république ?
Des républiques, il en existe des libérales, des bourgeoises, des
socialistes, et même des islamiques. En France, elle puise dans un
double héritage, à la fois social et humaniste. La poursuite de l'idéal
républicain exige, entre autres évolutions nécessaires, la refondation
d'un projet éducatif exigeant, au service de tous, et garant d'une
réelle égalité des chances. Elle suppose du reste désormais de penser
le bien commun non seulement au niveau national, mais d'abord au
niveau local et régional, ainsi qu'au niveau international (notamment
par rapport aux normes européennes en matière de droits de
l'homme).