La république mondiale des lettres
Quoi qu'en dise la légende dorée de la littérature, il
existe une invisible et puissante fabrique de l'universel
littéraire. Cette République mondiale des Lettres a son
méridien de Greenwich, auquel se mesurent la nouveauté
et la modernité des oeuvres. Ce livre retrace
l'histoire et décrit la structure de ce monde littéraire.
Mais le pays de la littérature n'est pas l'Île enchantée
des formes pures. C'est un univers inégal, un territoire
où les plus démunis littérairement sont soumis à une
violence invisible. L'histoire proposée ici est celle des
révoltés et des révolutionnaires littéraires qui sont
parvenus à inventer, par la création de formes nouvelles,
leur liberté d'écrivains. Les textes de Kafka, Joyce,
Faulkner ou Beckett, mais aussi de Arno Schmidt, Mário
de Andrade, Ibsen, Kateb Yacine, Ramuz, Michaux,
Cioran, Naipaul, Juan Benet, Danilo Kis, Ngugi wa
Thiong'o et de bien d'autres écrivains «ex-centriques»,
ainsi relus et réinterprétés comme enjeux dans des luttes
spécifiques, pourraient, du même coup, fournir des outils
critiques à tous ceux qui refusent les évidences et les
impositions de l'ordre littéraire mondial.