«Linay rit joyeusement, mais sans compassion.
- Que veux tu, alors ? La beauté ? La chance ? Je les vends
toutes, dit-il en s'approchant de Kate, répandant une odeur
aigre d'épices brûlées. Bien entendu, les amulettes sont
inutiles, des babioles pour les imbeciles. Mais j'ai un véritable
pouvoir et je suis disposé à l'utiliser. Cela vaut plus
que ton travail, mais nous pourrions faire un échange.
- Que veux-tu, toi ?
- Ton ombre. Si tu me donnes ton ombre, je t'accorderai
ton voeu le plus secret.»
Il y a eu le skara rok, «la mauvaise période», la canicule qui a
détruit les cultures. Puis, une épidémie de «fièvre des sorcières»,
à laquelle ont succombé bien des gens, dont le père de Kate. Enfin,
l'hiver, et la famine... Pour survivre, Kate, orpheline, affamée, ne
possède plus que ses outils de sculptrice et l'ancien établi de son
père dans lequel elle se réfugie la nuit.
Un jour arrive Linay, un étranger albinos, un «sorcier blanc», à la
recherche d'une ombre pour pouvoir tisser un sortilège puissant.
Kate lui semble une proie bien facile.
Mais une ombre ne se vole pas, elle doit être donnée librement. Et
Kate lui refuse la sienne. Alors, Linay multiplie les miracles autour
d'elle pour faire naître la suspicion à son égard. Accusée de sorcellerie,
Kate risque le bûcher et doit donc fuir son village, démunie
de tout. Elle n'a d'autre recours que céder son ombre à Linay,
pour obtenir de lui quelques moyens de subsistance. En échange,
car l'usage de la sorcellerie exige toujours un don, il concède la
parole à son petit chat - le voeu inavoué de l'orpheline : un compagnon
pour briser sa solitude.
Kate ignore encore que le sortilège qui se servira de son ombre a
pour but d'assouvir une terrible vengeance. Et que son destin est
maintenant lié à celui de la rusalka.
«L'intrigue se noue sur le tempo d'un récit d'aventures au suspense
croissant. Un roman exceptionnel.» (The New York Times)