La Russie en 1931
Comme son contemporain Walter Benjamin, César Vallejo est un marxiste hétérodoxe qui tente d'expliquer la complexité du moment historique et ses conséquences. L'écrivain est d'abord un lecteur des faits, et ne pratique pas l'apologie propagandiste et naïve, ni la condamnation tendancieuse dans laquelle se sont encourus certains. Il estime que la découverte de l'URSS est une question historique, mais également politique, éthique et culturelle. Afin de réussir cette tâche, il est important d'observer le présent et de projeter la pensée de l'avenir.
Vallejo regarde, écoute, demande et se demande. Il cherche constamment à saisir les causes et creuse en profondeur. Son style de « chroniqueur de race », de journaliste engagé et profond, invite le lecteur à le suivre à travers ses reportages, débordant de rythme. Il souhaite tout voir, tout inclure, tout relater, en considérant les aspects présumés insignifiants jusqu'aux analyses les plus sophistiquées pour donner ainsi une vision la plus complète possible. Tout tient à la quête de la justice du récit de cette URSS postléniniste, pense-t-il.
Les lecteurs sont confrontés à une réalité qui veut s'afficher de manière totalisante dans tous ses aspects et contradictions, accompagnée de réflexions de l'auteur et de la participation des personnages à travers l'oralité. Cela nous montre, encore une fois, le brio et la maîtrise de l'écriture en prose de Vallejo que nous voulons revendiquer avec l'objectif de le présenter dans toute sa dimension d'intellectuel total.
Les voyages de Vallejo en URSS nous fournissent de riches réflexions d'un intellectuel ayant très clair la notion de l'universel, d'un cosmopolitisme qui n'était pas rare à cette époque chez les intellectuels hispaniques.