Ce texte célèbre le voyage et son charme essentiel : la rencontre de l'inattendu. Felwine Sarr y évoque les lieux qu'il découvre lors de ses pérégrinations, mais aussi les paysages intérieurs que ceux-ci dessinent en lui. Car si le voyage est une déambulation sensible sur les chemins du monde, il est parfois immobile et se fait au point nul de l'errance.
Des endroits de son enfance au Sénégal jusqu'aux villes visitées - Kampala, Douala, Mexico, Mantoue, Le Caire, Istanbul, Port-au-Prince, Cassis... -, l'auteur donne à voir, à sentir et à entendre le quotidien, ses angles morts et ses lignes de fuite : les seaux pleins de mollusques portés par des femmes qui « marchent sur l'eau » vers l'île de Kooko, le rythme d'un fado entonné dans une rue de Lisbonne, ou la saveur toute particulière des derniers mètres d'une course à pied... Justesse d'une poésie oubliée du monde, rugosité de ses échos troublés.
L'île de Niodior est la matrice, un point d'ancrage et de désancrage où Felwine Sarr revient périodiquement. Car si les voyages provoquent l'émerveillement face à bailleurs, ils sont surtout un retour à soi-même, et une invite à écouter ses voix les plus intimes.
« Port-au-Prince. Collines, verdure, motos, tap-taps bigarrés, couleurs foisonnantes. L'énergie, la manière d'habiter l'espace public, de se mouvoir dans les rues, d'y faire grappe me rappelle celle des villes africaines. Quelque chose a traversé les mers et le temps. Cette manière de former communauté, de parler haut, de faire face au soleil, de marcher le long des routes. »