La Scolarisation et la Formation professionnelle des filles au pays de Schneider (1844-1942)
L'industrialisation, en France, dès le début du XIXe siècle, induit une nouvelle politique sociale fondée sur la famille ouvrière. Un consensus masculin prône l'éloge de la femme au foyer et de la ménagère, pour éloigner les femmes de l'usine et assurer la paix sociale en retenant les hommes dans leurs foyers.
L'intérêt de cet ouvrage est double. Il propose, d'une part, une approche socio-historique de l'éducation/formation des filles de la classe populaire, de « l'école au ménage », tant au plan national que local. D'autre part, il constitue une étude de cas concret, celui de l'entreprise « Schneider : l'usine du fer, une dynastie de fer », dans la ville du Creusot, où les filles prises dans la spirale des valeurs patronales et religieuses sont « scolarisées sur les genoux de l'Église et formées dans le giron de l'usine ». L'auteure a choisi d'écouter des « paroles de femmes ». Pour cela, elle s'est appuyée sur deux enquêtes biographiques réalisées à vingt ans d'intervalle, à partir de deux groupes d'anciennes élèves creusotines (une soixante), qui ont suivi ces formations : écoles ménagères et/ou cours professionnels pour les emplois de bureau.
Les résultats interrogent sur le rapport entre ce patronat paternaliste et une classe ouvrière soumise et craintive. Celui-ci peut-il incarner ce qu'on pourrait définir par la métaphore du « syndrome schneidérien » ?