L'opposition entre la vie et la mort est pour
nous si «naturelle» qu'il aura fallu des siècles pour
la remettre en question. L'idée que la mort de nos
cellules puisse être programmée par l'organisme
lui-même, et non résulter d'agressions externes,
ne s'est imposée que très récemment, mais elle a
tout changé dans nos conceptions de l'apparition
de la vie, du développement, des maladies et du
vieillissement. Comprendre qu'un embryon est
autant dû à une destruction massive de cellules
qu'à leur prolifération, ou qu'un cancer puisse
être causé par l'arrêt des processus de suicide
cellulaire, c'est voir le vivant sous un jour nouveau
et ouvrir à la réflexion philosophique des espaces
insoupçonnés.