La profusion des discours sur l'exclusion ne serait-il pas l'aveu d'une impuissance intellectuelle et politique à saisir et maîtriser un phénomène dramatique pour nombre de nos concitoyens ? A partir de la critique de ces discours, et s'appuyant sur l'analyse de faits sociaux, cet ouvrage tente de clarifier le débat et de construire une problématique de l'exclusion.
L'auteur met en évidence la ligne de partage qui traverse le champ social, historique, économique, juridique, scolaire, familial, celui des revenus, de l'urbanisation et du logement, de la santé, mais aussi celui des idéologies et des pratiques. Le processus d'exclusion est porté par une lame de fond qui secoue tout l'édifice social. Ainsi se créent des espaces de la précarité, de la pauvreté, de l'exclusion, représentant autant de degrés de fragilisation sociale : économique et matérielle, perte de lien social, symbolique. Une typologie d'indicateurs permet de prendre la mesure de ces espaces.
L'exclu n'est pas hors de la société. Il est partie prenante d'un rapport social dans lequel il occupe une position spécifique. En multipliant les dispositifs, les politiques contribuent à ce positionnement en fabriquant des circuits d'exclusion. Le passage d'une société qui exclut à une société solidaire suppose des remises en cause politiques, culturelles, idéologiques, organisationnelles.