La société rurbaine aux États-Unis et en France
ou le mythe de la démocratie associative
Depuis le milieu du XXe siècle, les agglomérations urbaines des États-Unis et d'Europe sont soumises à d'importantes mutations, parmi lesquelles figure le développement de territoires « rurbains » produits par l'extension de la ville dans l'espace rural.
L'apologie de cette « rurbanité », comme nouveau berceau de l'american way of life ou d'une « société du pavillon » à la française, repose notamment sur le fourmillement d'associations que l'on y constate et qui permettrait aux habitants de participer avec intensité à une vie locale humanisée et de forger une sociabilité inconnue aux centres anciens des métropoles.
La réalité est tout autre : dans les collectivités péri-urbaines américaines et françaises, les associations se sont substituées aux anciens réseaux de notables ruraux. Si, par effet d'illusion, l'on a pu voir dans cette vie associative un facteur d'enrichissement de la démocratie locale, elle participe en fait à la structuration du pouvoir et à la légitimation de nouvelles élites.
Traditionnel aux États-Unis, plus récent en France, le développement du tissu associatif appartient, en ce sens, à une stratégie du pouvoir sur la ville, dont la capacité d'illusion démocratique masque la fonction réelle.