Émeutes de Villiers-le-Bel, affaire Kerviel, péripéties de l’Arche de Zoé, fiasco de la France à l’Euro de football, élection de Barack Obama, crise financière : des sujets qui se bousculent à la une des journaux télévisés, la sociologie a-t-elle quelque chose à dire ? Sa vocation première n’a jamais été de s’exprimer dans l’urgence et l’immédiateté. Le temps, souvent très long, de l’enquête lui est nécessaire pour réussir à éclairer d’une intelligibilité nouvelle le monde social qui se bâtit sous nos yeux. Restent pourtant les attitudes et les tournures de pensée qu’elle nous enseigne. Restent ces connaissances, si nombreuses, qu’elle accumule patiemment depuis ses débuts. Autant de ressources pour nous aider, face à un quotidien incertain et opaque, non pas à produire dans l’instant un discours de vérité mais, plutôt, à nous distancier des analyses propres à « l’air du temps » et ainsi, peut-être, à mieux saisir des enjeux demeurés inaperçus et à éviter certaines erreurs de jugement. C’est un tel pari émancipateur que poursuit ce livre, où le lecteur retrouvera les chroniques que l’auteur donna, selon un rythme hebdomadaire, sur l’antenne de France-Culture entre août 2007 et juillet 2009. Un fait d’actualité brûlant y est à chaque fois placé sous l’éclairage d’une théorie, d’un concept ou d’un raisonnement sociologiques. Manière de revisiter notre époque et, d’un même mouvement, d’éprouver les pouvoirs de distanciation qu’offre la pratique de la sociologie.