Les deux recueils qui composent ce premier volume des poèmes de Louis Daniel Brodsky en traduction française sont bien différents dans leur inspiration. La terre avide est tout entier consacré à la mémoire juive, que ce soit dans sa tradition américaine (à travers le personnage de Willy Sypher, le colporteur, représentant de commerce, marchand d'habits de second ordre, qui sillonne les Etats du Sud) ou dans l'évocation des camps de la mort, avec des images impitoyables.
A cette vision d'une existence difficile, traversée pourtant de moments de gaieté, au souvenir d'une mort injustifiable, les poèmes de Vingt-quatre merles qui s'envolent proposent un contrepoids d'images heureuses, d'humour, de bien-être au monde. Ces chants d'amour du poète à ceux qui partagent sa vie - chants de reconnaissance pour une terre qui n'est plus avide mais généreuse - ont une simplicité trompeuse : nous avons affaire à un poète extrêmement conscient du pouvoir caché de ses images, nourri des cultures les plus diverses, enraciné pourtant dans un univers fortement localisé. Les affinités avec William Faulkner, très évidentes, ne se limitent pas à la proximité géographique.