Je n'ai jamais eu l'intention d'écrire un roman dense et étincelant, une fresque flamboyante. Je me suis contenté de décrire, de rapporter les faits et de faire supporter au lecteur le poids de la réalité du conflit israélo-palestinien. Ce n'est pourtant pas une étude mais une réflexion, une dissection et une interrogation. En temps de guerre, ces dernières sont malmenées, malléables et vaporeuses. Cela nous ramène à notre propre société : qui sommes-nous pour juger, plutôt « où » et d'« où » sommes-nous pour prendre parti ?
Dans cet orage s'abritent les insectes et les soldats. Dès que la lumière verte et saumâtre les inondera, ils sortiront des arbres, traversant la plaine, foulant de leurs bottes les sillons laissés par le passage des chars, vers le village de Qibya, et avec, martelant leurs têtes, les images des matelas de la famille Kanias souillés de sang, les chaussures de la fillette Soshana éventrée, placées au bas de son lit, ainsi que le lui a appris sa maîtresse au jardin d'enfants.