La trace des silences
Trace des silences ? Retrait du trait. Toute poésie est un duel entre la vie d'une parole et les mots d'une langue. La poésie de Didier Mény n'y fait pas exception. Elle a choisi ses armes. Ce sera le texte court, bref et décisoire. Haïku, aphorisme ou maxime de vie, dans sa brièveté, il donne un rythme et ouvre une brèche pour les questions. Rapide comme un coup, incisif comme une lame et décisive urgence du dire, le court poème met les mots en alerte. Une douce tristesse y cherche une issue. Quant à la matière, cette poésie emprunte aux éléments du monde, dans l'ampleur de leur cosmicité et la radicalité de leur minéralité, sa texture. Le minéral du sable ou du rocher, l'ampleur intimidante du ciel, la simplicité originaire de la mer, la métaphysique de la poussière ou la rudesse de l'hiver fournissent à Didier Mény les mots de sa langue. Il explore l'expressivité de l'inorganique plutôt que celle de l'organique. Et lorsqu'il chante le végétal c'est pour dire les arbres pétrifiés aux écorces en attente. Des poèmes, on dit qu'on les rassemble en un recueil. Toi qui va lire ce qui se parle ici, n'oublie pas de venir t'y re-cueillir. On y attend ton souffle.